Sinistre Zurich !
Longtemps je l'ai ressenti, pensé, soupesé. Zurich, à bien des égards, tu es sinistre! Voici pourquoi.
Sois sûre, je ne suis pas contre les villes, ni leur grandeur. Ni contre toi, la première, statut que Genève a longtemps eu et qu'elle n'aurait, selon moi, jamais dû perdre. Sois sûre aussi, je n'ai aucun complexe vis-à-vis de toi. Le hasard m'a fait naître dans l'une des villes les plus connues au monde alors que l'on m'a parlé de toi, en Espagne, comme étant "une banque" sans savoir que tu étais d'abord une ville. Tandis que Barack Obama voulait, lui, passer chez toi pour..."y skier".
Je ne vais pas trop m'étaler ici sur le fait que même si ta situation géographique est très similaire à ma ville (une fin de lac qui se mue en fleuve) et que ce coin là n'est pas vilain, tu peux m'en vouloir mais, je ne te trouve pas de charme ailleurs. Des quartiers sans âmes, un peu gris, des barrières à toutes les petites rues pour en empêcher l'accès, dans la plus pure tradition germanique. Moi, je n'aime pas. Mais l'important n'est pas là. Je te tiens de sacrées rancunes et je ne suis pas fier de toi.
Les rancunes, c'est pour Swissair et, surtout, "Unique". Certes, dans la défunte compagnie nationale il n'y avait pas que toi. Mais tout de même, le trend, les décisions, c'était Zurich. Et ton aéroport, "Unique", quelle prétention! Quel mépris! Après des années, tu t'es rendue compte de ton erreur et tu lui as changé le nom, et tant mieux. Moi, pendant ce temps, j'ai un sentiment de plaisir à chaque fois que, sur l'un des parkings de l'aéroport de Genève, je vois des plaques zurichoises...
Puis, l'autre grosse rancune, c'est d'avoir sali l'image de toute la Suisse il y a quelques années, quand des centaines de personnes étaient rassemblées, errant, titubant, à la recherche de leurs doses sur un terrain vague, au milieu d'un parc jonché de seringues et d'immondices. Dégoûtant, honteux. De ça, de ces images, on m'en a parlé partout dans mes voyages. Je sais que ton rapport à la drogue est bien différent que chez nous -l'aimerais-tu?-, mais ces images nous ont salis, tous.
Ensuite, ce n'est pas fini, tes égarements économiques. Tu sais, l'UBS, surtout, qui a failli entraîner le pays entier en faillite. Là aussi, il n'y a pas que toi dans l'affaire. Mais, comme pour Swissair, tout vient de chez toi. Dans un cas comme dans l'autre, il y a la Ville et le Canton comme actionnaires, non? Tout comme ta banque cantonale, désormais dans le collimateur américain. Nous sommes tous, là aussi, sacrément salis par tout cela. Et rajoutons les indécents 15% de rentabilité voulus pour les journaux suisses, les salaires à la Rega et d'autres choses, tout ça c'est toi, bien sûr.
Et puis maintenant, cette histoire avec Oprah Winfrey qui, à priori, n'a rien inventé puisque la boutique en question a présenté des excuses. Faire ça à une femme si élégante et resplendissante, comme seules les femmes Noires savent l'être, incroyable! Eh bien, moi, ça ne m'étonne pas. Tu n'es pas si ouverte. Tu n'es pas si internationale que tu veux bien le dire, je m'en suis souvent rendu compte. Et côté chaleur humaine...laissons vite.
Certes, je sais aussi que tu as fait des choses bien et que tu as raison de défendre tes intérêts. Je conclurai même en t'assurant que je serais aussi capable de te féliciter, te soutenir, si à nouveau tu te comportais comme tu as su te comporter parfois. Mais avec tout ça, tu es sinistre. Ou, pour laisser ce terme à l'assurance portant ton nom (laquelle d'ailleurs voulait mettre une bijouterie à la place de notre cher et toujours plein "Relais de l'entrecôte"), tu es moche.
Allez, disons vraiment pas bien belle, au minimum.