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Les victimes du vent de l'ouest

Il souffle fort, le vent d'ouest, ces derniers jours. Un magnifique catalpa en a payé le prix de sa vie, à l'avenue du Mail. Qu'on le remplace.

Mais le vent d'ouest ne fait pas tomber que les arbres. Des Genevois, aussi... Alors que je me déplaçais les matins à l'aube vers où l'on a bien voulu me donner du travail temporairement, au milieu du canton de Vaud, je constatai immédiatement que sur l'autoroute j'étais entouré de plaques françaises. Pas toujours, certes, mais parfois uniquement.

À Genève, c'est normal, disons habituel, mais j'ai été surpris en poursuivant. En particulier quand je voyais des plaques se terminant par 38, Grenoble donc, ou aussi 69, Lyon. Puis, passant les jonctions de Coppet et de Nyon, s'incorporaient des voitures immatriculées 39, c'est-à-dire, du Jura français. Le tout avant 7h. du matin, pour ceux qui voudraient nous affirmer qu'il s'agit de touristes. Les Verts qui sont tellement pro libre-circulation seront servis, la circulation, ils l'ont.

Dans ces claires nuits finissantes de janvier, je compris pourquoi et comment les Genevois sont chassés. En tout cas, ceux qui n'ont plus 35 ans, ou pas encore 25. Qu'ils doivent aller chercher du travail toujours plus loin, eux aussi poussés par le fort vent d'ouest qui a déjà bien soufflé sur la ville.

Me revinrent en tête les quelques braves jeunes gens que j'ai côtoyés, à diverses occasions, qui n'arrivaient pas à trouver de travail à Genève. Bien formés et de bonne tenue, certains avec trois langues, s'il vous plait. Me revint également en tête le chiffre si perturbant, pour tout être normalement sensible, des 4'000 habitants du canton qui arrivent en fin de droit chômage chaque année. Décoiffant, le vent. Il claque même sur les joues déjà rougies par le froid ou la gêne, je ne sais.

En revanche, dans cette petite société où j'étais, pas un frontalier. Pour la première fois de ma vie, pas un collègue frontalier! C'est donc possible? Non que j'aie une animosité substrate contre eux, mais j'en ai vu des belles, déjà. Comme par exemple il y a quelque temps, un service devenir entièrement français rien que parce que le chef l'était, et les engagements se faisaient en deux jours, en snobant tout office de l'emploi. Tout cela, je l'affirme. Parce que je n'aime pas. Et moi je roule sans la moindre hésitation pour ma ville, mon pays, au contraire de beaucoup d'autres.

Je confortai donc, chaque matin bien seul au volant de ma voiture, mon sentiment, ma logique, mon espérance qu'où les frontaliers sont nécessaires, irremplaçables, c'est avec plaisir et gratitude, presque fierté qu'on doit les accueillir pour travailler. Et ailleurs, qu'on les remplace. Pour notre niveau de vie, notre cohésion sociale, et l'environnement.

Si cela vous parle.

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