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  • Si tu ne vas pas à Rio...

    Je ne vais pas me faire des amis. Mais tant pis, je n'écris pas pour cela. Je voulais l'épingler depuis un moment, et l'occasion est trop belle. Lui, c'est Federer.

    Je sais, nous avons en général tous besoin d'une référence, d'une idole. Qui plus est, quand elle agite des sentiments nationaux. Ainsi allons-nous. Roger Federer joue ce rôle en Suisse depuis des années. Avec d'autres. Bien sûr, comme pour l'olympisme, ce n'est pas ce que l'on souhaiterait voir disparaître en premier sur cette terre. Mais j'ai aussi envie de dire d'autres choses.

    Passer sa vie à courir après des balles, vous m'excuserez, mais on a connu plus enthousiasmant comme programme. C'est valable pour d'autres sports, bien entendu. Personnellement, j'y ressentirais un vide gigantesque. Mais si l'on peut encore comprendre qu'une personne vive pour et par cela, que penser de celles qui les regardent ? Qui y passent leur journées, ou nuits parfois ?

    De plus, ce monsieur est omniprésent. Je le vois partout. Dans les journaux télévisés ou papiers. Sur des affiches dans les rues, sur le site de ma compagnie téléphonique. Ne gagne-t-il pas assez d'argent ? Est-il en manque cruel de reconnaissance ? Est-ce un pantin qui se fait dicter sa vie selon les désidératas de ses sponsors ? Quelle tristesse. Certes, il y a eu pire encore, Martina Hingis. Elle nous faisait des pubs pour de la lessive. Comme quoi les poudres blanches elle, elle aimait décidément ça. Et j'ai eu ouï-dire que d'autres aussi les aimaient, plus actuels.

    Les simplets diront que c'est de la jalousie, ce serait amusant. Car pour moi, vivre tranquillement, anonymement et sans millions, c'est un luxe inestimable. Tandis que vivre avec ce stress permanent pour tout, de jouer, de gagner, de perdre, de voyager, de gérer ses millions, son temps, pire encore, le perdre à faire des pubs, cela me ferait plutôt avoir honte, et envie de disparaître.

    Monsieur ne pourra donc pas aller à Rio, son genou. Tout se paie. Je doute que l'on fredonne autant la chanson si l'on ne peut pas y aller que si l'on y va. Il n'en demeure pas moins que cela a l'air d'être un sujet vital: le deuxième titre des journaux télévisés suisses, je vous prie ! Et encore, si le monde n'était pas complètement dingue ces temps, ç'aurait été le premier. Mais il n'y ira donc pas.

    De grâce Roger, si tu t'ennuies, ne nous commets pas une pub de plus.

  • Les petits princes

    Une nouvelle qui fait du bien. Avec ce qui se passe sur cette terre, prenons de l'air, il est bon.

    À l'heure où des milliers d'avions civils volent chaque jour, avec pour chaque voyage des dizaines de milliers de litres de kérosène envoyés dans l’atmosphère...

    À l'heure où des milliers d'avions et d'hélicoptères militaires volent chaque jour pour faire ce que l'Humain sait faire de mieux, tuer et s'entretuer, avec en bonus la même consommation folle...

    À l'heure où les terro-touristes veulent voir chaque coin du monde, parcourant des milliers de kilomètres et voulant le faire au meilleur prix, et souvent par distances rallongées car moins chères...

    À l'heure où l'industrie aéronautique est passée de la production d'avions à celle de véritables monstres, avec des écrans pour chaque passager sur les sièges de devant, et d'autres luxes que le commun des mortels n'a même pas besoin chez lui...

    À l'heure où la planète crie tout ce qu'elle peut qu'elle n'en peut plus, et qu'elle le dit d'ailleurs de plus en plus souvent, et de plus en plus violemment...

    Eux viennent d'y arriver. Il est 1h30 du matin, l'impressionnant et silencieux avion solaire est sur Abu-Dhabi, finissant ainsi son tour du monde sans consommation de pétrole. Puissant paradoxe, vu l'endroit. C'est magnifique, presque magique. Et en lien direct sur la page de Google, s'il vous plaît ! La RTS dort, pourtant hommes, technique et foi viennent de ce coin de pays. Vexant.

    Eux, ce sont Bertrand Piccard et André Borschberg. Bien entendu, les chagrinés du progrès leur ont reproché toute l'infrastructure qu'il a fallu mettre en place, et faire voler aussi, avec carburant. Ils ne se rendent pas compte du pas qui a été franchi là. Comme pour la première voiture électrique, bien raillée et snobée, à ses débuts. Quelques décennies plus tard, un premier pays au monde vient d'interdire de vendre des voitures à essence, dès 2025. Un vrai bonheur.

    Ils ont dû en endurer, des moments de puissante solitude, peut-être des doutes, des peurs. Mais aussi, des moments de joie inégalables. Ils ont dû en voir, des levers et des couchers de soleil. Et ils en ont assurément eu besoin, du  soutien du meilleur de ce qui se fait sur cette terre, autant au niveau technique qu'humain. Mais eux deux, pour moi, ils ne sont qu'une chose : des petits princes.

    Et comme pour le premier, ils vont rester dans le temps...

  • Accordez-vous aussi un instant de paradis...

    Ces jours, l'on aurait plus envie de transformer sa plume en épée. J'ai voulu, ce n'est que partie remise. Mais là, j'ai envie de partager un instant de paradis. Il pourrait vous faire du bien, aussi...

    Samedi après-midi finissant, Rues basses de Genève, 17 heures. Un soleil radieux, le ciel bleu, et une bise puissante qui vous offre de l'air à profusion. Qui nous a aussi privés, la coquine, du Jet d'eau, mais c'est normal. Enfant, où j'habitais, nous recevions parfois des gouttes d'eau sur les fenêtres en cas de gros temps, avant qu'ils ne l'arrêtent. Je ne me lasse pas de l'aimer pour cela.

    C'est noir de monde, extraordinairement bigarré. Quelques orchestres ou musiciens jouent, ici et là. Le monsieur du chat aussi, pour qui connaît assez cette ville pour savoir de qui je veux parler. L'autre jour, il a eu ma pièce, ça faisait longtemps. L'ambiance est bonne, j'ai déjà atteint le plaisir.

    La place du Molard est remplie, toutes les terrasses pleines. J'arrive vers les quais. Un banc de cygnes bien fiers joue aux plus réactifs pour ceux qui, du rivage, leur jetent du pain proche du débarcadère des Mouettes. L'une d'entre elles arrivant justement, les faisant se déplacer. Et les gens, parmi lesquels beaucoup de touristes, de sortir et se mêler à ceux à quai, avec des sourires.

    Je longe le quai, du monde partout. Le glacier du bout, sans plus une table libre. Des gamins qui jouent. J'arrive au pont des Bergues, là où des sages ont mis de belles floralies, même si je ne peux m'éviter de penser aux loupés qui sont passés par là les saccager, l'autre nuit. Les vélos-taxis silencieux passent et repassent avec des touristes hagards. Je m'approche du bonheur.

    J'arrive à l'Île Rousseau, où l'autre promeneur solitaire que je suis se rend à chaque occasion, passe devant les nombreuses personnes assises sur les sièges ou murets, discutant, contemplant, et pour les plus chanceuses d'entre elles, s'embrassant passionnément. J'y rêve aussi un moment, et repars.

    Deux musiciens viennent de s'installer au milieu du pont, juste en face de l'île. Ils jouent des airs de jazz agréable et doux. Je m'appuie sur la barrière, en face de l'eau, belle et propre, au contraire de celles que l'on voit dans nombre de villes que l'on glorifie souvent. Le soleil réverbère dessus, c'est magnifique. L'odeur des fleurs blanches qui garnissent le pont parvient à mes narines. J'écoute les musiciens, puis leur donne ma pièce, joyeux. Nous échangeons un sourire. Je pars, presque triste.

    Mais je me suis approché du paradis. Merci Genève.