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Ne pas se taire - Page 16

  • Accordez-vous aussi un instant de paradis...

    Ces jours, l'on aurait plus envie de transformer sa plume en épée. J'ai voulu, ce n'est que partie remise. Mais là, j'ai envie de partager un instant de paradis. Il pourrait vous faire du bien, aussi...

    Samedi après-midi finissant, Rues basses de Genève, 17 heures. Un soleil radieux, le ciel bleu, et une bise puissante qui vous offre de l'air à profusion. Qui nous a aussi privés, la coquine, du Jet d'eau, mais c'est normal. Enfant, où j'habitais, nous recevions parfois des gouttes d'eau sur les fenêtres en cas de gros temps, avant qu'ils ne l'arrêtent. Je ne me lasse pas de l'aimer pour cela.

    C'est noir de monde, extraordinairement bigarré. Quelques orchestres ou musiciens jouent, ici et là. Le monsieur du chat aussi, pour qui connaît assez cette ville pour savoir de qui je veux parler. L'autre jour, il a eu ma pièce, ça faisait longtemps. L'ambiance est bonne, j'ai déjà atteint le plaisir.

    La place du Molard est remplie, toutes les terrasses pleines. J'arrive vers les quais. Un banc de cygnes bien fiers joue aux plus réactifs pour ceux qui, du rivage, leur jetent du pain proche du débarcadère des Mouettes. L'une d'entre elles arrivant justement, les faisant se déplacer. Et les gens, parmi lesquels beaucoup de touristes, de sortir et se mêler à ceux à quai, avec des sourires.

    Je longe le quai, du monde partout. Le glacier du bout, sans plus une table libre. Des gamins qui jouent. J'arrive au pont des Bergues, là où des sages ont mis de belles floralies, même si je ne peux m'éviter de penser aux loupés qui sont passés par là les saccager, l'autre nuit. Les vélos-taxis silencieux passent et repassent avec des touristes hagards. Je m'approche du bonheur.

    J'arrive à l'Île Rousseau, où l'autre promeneur solitaire que je suis se rend à chaque occasion, passe devant les nombreuses personnes assises sur les sièges ou murets, discutant, contemplant, et pour les plus chanceuses d'entre elles, s'embrassant passionnément. J'y rêve aussi un moment, et repars.

    Deux musiciens viennent de s'installer au milieu du pont, juste en face de l'île. Ils jouent des airs de jazz agréable et doux. Je m'appuie sur la barrière, en face de l'eau, belle et propre, au contraire de celles que l'on voit dans nombre de villes que l'on glorifie souvent. Le soleil réverbère dessus, c'est magnifique. L'odeur des fleurs blanches qui garnissent le pont parvient à mes narines. J'écoute les musiciens, puis leur donne ma pièce, joyeux. Nous échangeons un sourire. Je pars, presque triste.

    Mais je me suis approché du paradis. Merci Genève.

  • Les taureaux peuvent aussi tuer, par bonheur

    Il n'y a pas que des mauvaises nouvelles dans ce bas monde. En voilà une bonne.

    Cela s'est passé en Espagne, aujourd'hui. Dans l'une de leur sinistres comédies sanguinaires et mortuaires, au nom de corrida. Non que je les regarde, ne pensez pas. Juste que des nouvelles en ont parlé, et les présentateurs étaient déconfits. L'on comprend bien qu'ils ne pussent montrer une certaine joie mais là, ils avaient vraiment choisi leur camp.

    Je doute que de jeunes gens parcourent ces lignes, mais s'il y en avait, c'est peut-être mieux qu'ils partent. Ils risqueraient d'avoir le même choc que j'ai eu, dans ma jeunesse, avec les bébés phoques, me faisant me demander où j'étais tombé, ce qu'était l'humain, et si j'avais vraiment ma place par ici. Questions d'ailleurs récurrentes par la suite, mais dois-je le dire.

    Le taureau était donc torturé, depuis un moment. Il était ensanglanté, quelques harpons plantés sur lui. Par un homme. Enfin, un type. La foule était en chaleur, assoiffée de sang, à admirer ce spectacle. Elle a même payé pour cela, ne l'oublions pas. Mais soudainement, le taureau l'a touché à son tour, le type. Presque harponné, aussi. Et de le faire passer de vie à trépas dans les minutes qui suivirent, dans son beau costume coloré. Et sur le lieu des crimes.

    Certes, le taureau a subi le même sort. Pensez donc, on n'allait pas le soigner, ni le gracier. Mais au moins, c'est toujours dur mais ça console quelque peu, on ne lui a pas coupé les oreilles et la queue, ou que sais-je, avant de l'occire, comme les milliers d'autres avant lui. C'était d'ailleurs déjà le troisième de l'après-midi, à cet endroit-là de Madrid. Pour quelques toréadors tués dans le pays, parfois, celui d'aujourd'hui étant le premier du siècle, les autres c'était avant, malheureusement.

    Certes aussi, dans d'autres villes par là-bas, ce sont des gens qui s'offrent en pâture aux taureaux. Ils se font courir après, charger, souvent blesser, et parfois tuer. Cela indique tout de même le niveau qu'ont certaines personnes dans ce pays où, soit dit en passant, il y a plusieurs choses qui commencent à sentir mauvais, nous y reviendrons peut-être. Mais les corridas, elles, puent.

    Je préférerais ne pas avoir à écrire cela. À faire autre chose de mon samedi minuit. Mais finalement, je suis infiniment et impitoyablement heureux de pouvoir partager cette bonne nouvelle sur la toile, avec le souhait qu'elle soit lue loin à la ronde.

    Cela mérite une traduction...

  • Ce soir encore, le footoir suisse

    Souvent, je traîne avant de lancer mes lignes sur le net. J'y pense, et il faut qu'elles soient mûres, ou je préfère abandonner. Là, je vais faire preuve de célérité, anticiper même.

    Il faut dire que ce n'est pas difficile, car cela fait des années que ça continue. À chaque match, ou quasiment, le pays entier se fait empoisonner par les klaxons et autres virulents comportements des ressortissants de partout qui sont en masse ici. Certes, j'imagine et souhaite, que les petits villages reculés des montagnes soient à l'abri de cela, mais je ne sais. Les villes, elles, c'est le footoir.

    Dans les endroits encore un tant soit peu civilisés où l'on essaie de contenir les excès humains (qu'ils en soient félicités), l'on a décrété une tolérance d'une heure après les fins de matches. C'est déjà gentil, mais sans doute ne pourrait-on, de toute façon, pas faire autrement. Et après tout, c'est bien.

    Mais ailleurs, rien de tout ça. À Genève notamment. Pendant quelques heures, c'est la loi de la jungle. J'en témoigne, je vis sur une grande avenue. La Suisse que j'ai connue jeune a quasiment disparu depuis un moment, mais l'espace de quelques heures, elle est véritablement morte.

    Cela a été plus loin encore, lors des demi-finales. Un cortège de supporters français s'est formé à l'improviste (les cortèges, ils connaissent), parcourant les Rues basses et, pour certains, provoquant et attaquant la police qui, comme d'habitude, est toujours en sous-nombre par ici. Et ce soir, deux cortèges peut-être? Un peu comme les Kurdes et les Turcs qui s'affrontèrent à Berne?

    En tout cas, nous pouvons être sûrs que quel que soit le vainqueur, cela va être encore l'enfer, pour nous. L'on en demande décidément beaucoup, aux gens de ce pays. Serait-ce enfin l'occasion, pour ses innombrables fossoyeurs, qu'ils réalisent où la Suisse est tombée ?

    Il serait plus que temps.